Depuis 20 ans, les études scientifiques sur les ondes de choc radiales (ODCR) se sont multipliées, et ont prouvé de façon indéniable l’intérêt et l’efficacité de cette thérapie dans le traitement de nombreuses pathologies tendineuses, mais aussi des structures associées (muscles, aponévroses, fascias…). L’évolution du matériel et une meilleure formation ont contribué à l’optimisation des résultats. L’efficacité de cette thérapie dépend de la pertinence de l’indication, de la connaissance des contre-indications, des parfaites conditions d’application ainsi que de l’adaptation du protocole thérapeutique au patient.

DÉFINITION DES ONDES DE CHOC

Les ondes de choc sont des ondes sonores acoustiques se caractérisant par une augmentation brutale et transitoire de pression de forte amplitude et de courte durée (10 ms), suivie d’une phase de pression négative plus longue, à l’origine d’un phénomène de cavitation [1]. Ces phénomènes correspondent à une production de bulles gazeuses dans les tissus interstitiels et produisent des micro-dommages tissulaires responsables d’une partie de l’effet thérapeutique.
Des générateurs produisent des ondes de choc radiales (ODCR ou ondes de pressions, devrait-on dire) particulièrement adaptées au traitement des tissus musculosquelettiques. Ces ondes de choc dites “radiales” sont délivrées directement au contact de la tête émettrice. La zone de propagation a la forme d’un cône divergent dont la pointe se situe sur le nez de la pièce à main. La zone d’énergie maximale s’épuise en pénétrant les tissus, et peut atteindre une profondeur de 3 à 5 cm en fonction du type de transducteur.
Ces ondes de choc radiales peuvent être générées par une impulsion pneumatique . Elles sont de plus en plus utilisées en rééducation fonctionnelle et constituent une arme de choix dans
l’arsenal thérapeutique des kinésithérapeutes. Elles peuvent également intervenir en complément des ondes de choc focales, notamment pour le traitement des douleurs myofasciales.

EFFETS THÉRAPEUTIQUES DES ONDES DE CHOC

Les ondes de choc agissent conjointement sur 3 niveaux : antalgique, biochimique, mécanique.

ACTION SUR LA DOULEUR

Théorie du gate-control. Efficacité à court terme.
Une diminution de la sensibilité douloureuse est obtenue par stimulation des grosses fibres nerveuses sensitives cutanées, ce qui entraîne une inhibition des afférences douloureuses dans la moelle. Cette action immédiate, observée au décours de la séance, et parfois même pendant la stimulation, n’est efficace qu’à court terme.

ACTION BIOCHIMIQUE

Efficacité à moyen terme [2].
La percussion locale entraîne une libération d’endorphines et de substances inhibitrices de la douleur (facteur P). Pour cela, une certaine quantité d’énergie (donc une certaine pression)
est nécessaire, ce qui peut rendre la technique quelque peu inconfortable.
Ces ondes de choc provoquent la libération de facteurs de croissance (TGF Beta-1, IGF-1), favorisant la prolifération de ténocytes, ainsi que l’augmentation de la synthèse du collagène.
Il est également noté un accroissement de la prolifération des cytokines à travers les parois vasculaires, accélérant ainsi la guérison.
Cette action biochimique, complémentaire de l’action mécanique mais d’apparition plus précoce, n’est efficace qu’à moyen terme.

ACTION MÉCANIQUE

Efficacité à long terme.
Les micro-dommages induits par la cavitation seraient responsables d’une partie de l’effet thérapeutique. L’action mécanique défibrosante “traumatisante” des ondes de choc est primordiale.
Elle correspond à une agression tissulaire contrôlée, entraînant ainsi une relance du métabolisme nécessaire à une nouvelle cicatrisation.
Les ondes de choc déclenchent également une augmentation de la circulation sanguine et la création d’une néo-vascularisation dans la zone traitée, visible au doppler [3]. De plus, elles suscitent une modification de l’arc réflexe du tonus musculaire. L’efficacité complète de ce type de traitement nécessite d’attendre les délais normaux de cicatrisation des tissus mous, c’est-à-dire 6 semaines après la dernière application d’ondes de choc.

INDICATIONS

Dans les années 1990, les ondes de choc radiales étaient réservées aux pathologies chroniques n’ayant pas répondu favorablement aux autres traitements classiques. Elles étaient utilisées seules et les premières études (prospectives) soulignaient l’efficacité de cette thérapie dans les tendinopathies calcifiantes, les lésions tendineuses chroniques, les aponévrosites plantaires, les périostites ainsi que les séquelles de déchirures musculaires.
Depuis 2003, de plus en plus d’études randomisées en double aveugle ainsi que des méta-analyses ont enrichi la littérature internationale sur les ondes de choc radiales et ont permis de valider et d’élargir leur champ d’application [4]. Les études des biologistes sur les effets des ondes de choc sur le tissu humain (stimulation de la cellule vasculaire, augmentation des échanges cellulaires,
stimulation des cellules souches, etc.) ont permis d’appréhender les traitements des ondes de choc radiales sur les fascias.

De nos jours, les principales indications des ondes de choc radiales sont :

- les tendinopathies chroniques, mais également les lésions récentes, en première intention (après l’orage hyperalgique), notamment chez les sportifs, avec d’excellents résultats ;
- les suites de chirurgie tendineuse (suture ou peignage de tendon rotulien ou calcanéen après 3-4 mois post-opératoire) ;
- les séquelles de déchirures musculaires, après authentification par échographie ou par IRM ;
- les points gâchettes et syndromes myofasciaux douloureux ;
- les pathologies induites par les points gâchettes et le syndrome myofascial douloureux tels que céphalées de tension ;
- les lésions osseuses : périostites tibiales ;
- en neurologie, dans le traitement de la spasticité(causée par une infirmité motrice cérébrale, un AVC…)

- au niveau de la sphère uro-génitale, certaines équipes utilisent les ondes de choc radiales dans le traitement de la maladie de Lapeyronie.

CONTRE-INDICATIONS

Contre-indications absolues :
- Patient sous traitement anticoagulant ou présentant des troubles de la coagulation (hémophiles, etc.) ;
- Patient présentant un syndrome douloureux régional complexe ou une capsulite de l’épaule en phase inflammatoire aiguë ;
- Zone ayant subi récemment une ou des injection(s) de corticoïdes ou de xylocaïne ;
Il faut demander systématiquement aux patients s’ils ont un traitement en cours.

Contre-indications de bon sens :
Grossesse, pacemaker, tumeur ou infection locale, proximité pulmonaire, cardiaque ou intestinale, proximité de matériel métallique, enfants (épiphyses osseuses fertiles), personnes de plus
de 75 ans (ostéoporose), passage des troncs nerveux ou des gros vaisseaux sanguins, corticothérapie au long cours (fragilisation osseuse), etc.

EFFETS SECONDAIRES

Effets secondaires minimes :
Une augmentation de la douleur peut survenir pendant ou après la séance. Elle s’estompe en général après 24 ou 48 h. Un gonflement, un œdème ou une ecchymose peuvent apparaître et régresser spontanément.

Effets secondaires plus importants :

Ces effets sont dus, la plupart du temps, à une non-observance des contre-indications décrites

Ce site utilise un cookie Google Analytics pour analyser le trafic du site. En savoir plus